mardi 6 novembre 2012

Traversée Canaries Cap Vert


Pour notre plus grande traversée jusqu’à présent, nous avons collégialement étudié la météo avec nos amis de Reine de Saba et d’Andanza. Les fenêtres météo se resserrent de plus en plus et, bien entendu, la situation parfaite n’existe pas…
Nous choisissons l’option plus sécurisante de partir au moteur durant au moins 24 heures pour après, toucher un vent de NNE ainsi, nous espérons échapper à une plus forte houle qui essayera de nous rattraper…En lieu et place des 24 heures de moteur (pourtant, je suis habitué à faire des 24 heures au moteur !), nous en ferons 28 !!
Et ensuite, le vent nous viendra par l’arrière nous obligeant à la gymnastique encore peu habituelle de la mise en ciseau…Figure intéressante car elle nous fait gagner de 1 à 1,5 nœuds !! C’est vrai que ça ne fait même pas 3 km/h…mais, en voile, tout ce qui est pris est pris !!
Andanza profitera de ce vent établi pour débouler sur notre babord, juste  à la tombée de la nuit et en plus, quand Nathalie était de quart !! Les lâches !!! Nous ne les reverrons plus avant le Cap Vert…
Pour ce qui est de Reine de Saba, les 28 heures passées au moteur nous avaient donné une certaine avance qu’ils vont grignoter mille après mille pour arriver au Cap Vert avec une demi-heure d’avance sur nous.

Emilie a mis un plus de temps que le reste de l’équipage à rentrer dans le rythme ; était-ce du à la succession des quarts de nuit ?
La difficulté principale sur notre bateau réside toujours dans la prise de ris (réduction de la voilure) qui impose de démarrer les moteurs, de se mettre face à la houle et puis de reprendre la voilure en étant secoué comme dans une montagne russe…quand en plus, on fait ça par nuit totalement noire, ça produit encore plus d’adrénaline…

Le deuxième jour, alors que nous bataillons avec la houle et le peu de vent pour adopter la position dite du ciseau, vlà ti pas que nos deux cannes à pêche partent ensemble dans un sifflement strident de moulinet !! Ca mord !! Laissant à Joe (notre pilote automatique) le soin de garder le bon cap, nous nous précipitons Emilie et moi sur les 2 cannes…Là aussi, on pourrait revoir le niveau de notre équipement…avec nos moulinets juste bon pour une bonne pêche aux canards à la foire du midi…Bref, je remonte le fil nylon à la main pendant que Louis rembobine le moulinet derrière moi…De son côté, Emilie bataille comme elle peut mais résiste un peu trop fort et la belle prise nous laisse en seul souvenir, un bout de sa machoire…Revenons à mon thon, celui-ci a été tellement goulu qu’il n’a aucune chance de se détacher et lorsque je le vois partir en ski nautique, je comprend qu’il a capitulé et que je vais pouvoir le remonter à présent…Nous le découperons directement sur la jupe arrière en darne que nous mangerons grillées avec juste un petit vinaigre de mangue…Il est frais, il est frais mon poisson !!


Le troisième et le quatrième jour, nous serons rattrapés par une houle arrière générant des creux de 3 à 4 mètres, qui nous pousseront toujours plus vite en surf vers l’ile de Sal au Cap Vert, c’est impressionnant quand vous voyez un immeuble de 3 étages vous débouler dessus mais JAD est là et nous protège de toutes ses jupes…
Nous arriverons en vue de Sal au petit matin après 119 heures de navigation pour 820 MN parcourus ; ce qui est une moyenne tout à fait honorable pour notre petit trapu qu’est JAD !!
Tout l’équipage était prêt à goûter à ce repos bien mérité mais, c’était sans compter sur l’opération du mouillage (le fait de poser notre ancre et de s’assurer qu’en plus, elle croche…), opération toujours plus délicate avec déjà 20 bateaux dans le mouillage, un courant assez fort et un vent de 25 nœuds…, le tout en s’assurant qu’il reste encore assez d’eau sous les coques…et de place pour dérouler au minimum 60 mètres de chaîne…

Première tentative avortée car nous reculons à grands pas sur un petit monocoque belge, c’est pas le moment d’avoir des mots avec un compatriote et donc nous remontons daredare notre belle ancre ; chassés par le vent, nous faisons demi-tour à la recherche d’une meilleure place lorsqu’en un coup, le bateau est stoppé net sur tribord et fait un tête à queue (Non Chap, même si les sensations sont assez similaires, ce n’est pas de la Fun Cup !) ; persuadé que je viens d’accrocher un filet dérivant, j’intime l’ordre de jeter l’ancre immédiatement car je ne peux plus utiliser mes moteurs au risque de tout casser !! Et là, pas de bol, l’ancre dérape et nous voilà partis en travers en direction du quai en béton d’amarrage des ferrys avec, en plus, les pêcheurs du coin, sans doute ceux qui ont mis le filet, qui me disent de ne pas jeter mon ancre là !! 5 minutes de conversation en petit nègre pour leur expliquer que c’est une urgence et qu’on ne va pas rester là…A ce moment, me sentant décroché, je remet mes moteurs en marche sans dommage et reprend le contrôle de la situation…nous finirons, à la 3ème tentative, par gentiment déposer cette ancre sur un fond de sable pas assez épais mais suffisant pour nous tenir !! On comprend très vite que les mouillages Cap Verdiens vont être sportifs avec du courant et un vent omniprésent !! Moi qui étais réveillé au moindre petit coup de vent la nuit, je vais devoir m’endurcir…après un tel stage, nous pourrons mouiller au bout du monde ou dans un spot de surf !!

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